Cinéma et audiovisuel : vers le démantèlement de la diversité culturelle ?

Communiqués du collectif national de l'action culturelle et cinématographique

Préambule


Bonjour, vous êtes tous concernés par les communiqués émis par le collectif natinonal pour l'action culturelle et cinématographiques, que vous trouverez ci-dessous.

(actualisé le 02/12/2008)



Le premier d'entre a été émis le 07 décembre 2007.

Il s'agit d'un appel à mobilisation (que vous pouvez toujours signer ici) pour lutter contre le désengagement de l'Etat en matière d'action culturelle dans le domaine du cinéma et de l'audiovisuel, qui s'inscrit dans un désengagement plus large, menaçant l'ensemble de la culture en France.



Vous trouverez également ci-après :

le communiqué du 11 janvier 2008, suite à la constitution officielle du collectif national de l'action culturelle cinématographique.

l'appel à mobilisation du 08 février 2008, appelant les cinémas indépendants et leurs partenaires liés à l'action et la diffusion culturelles à une mobilisation le 22 février au moment de la cérémonie des César du cinéma.

le communiqué du 18 février 2008, appelant les cinémas indépendants et leurs partenaires liés à l'action et la diffusion culturelles à une mobilisation le 22 février au moment de la cérémonie des César du cinéma.

le communiqué du 22 février 2008 paru à la suite de la cérémonie des César.

la lettre ouverte du 26 février 2008, adressée à Alain Terzian, Président de l'Académie des César à la suite de la cérémonie des César.


le communiqué du 21 avril 2008, au sujet du rapport Le milieu n'est plus un pont mais une faille du Club des 13 et donnant RV aux professionnels le 21 mai 2008 à Cannes pour approfondir les questions qui y sont soulevées.

le communiqué du 21 mai 2008, lors d'une rencontre publique organisée à Cannes, annonçant la pérennisation du Collectif national de l'action culturelle cinématographique et audiovisuelle, et l'organisation d'Etats généraux de l'action culturelle cinématographique et audiovisuelle qui se dérouleront sur deux jours à Paris en janvier 2009.



le communiqué du 01 décembre 2008, annonçant la tenue des Etats généraux de l'action cinématographique et audiovisuelle qui se dérouleront sur les jeudi 8 et vendredi 9 janvier 2009 au Centquatre à Paris.





Cette mobilisation est d’autant plus forte que, s'agissant du cinéma, elle prolonge plusieurs autres initiatives du même ordre :

  • les démarches entreprises en 2006 auprès du Ministre de la Culture et de la communication par 14 associations nationales à propos de baisses de financements de l'Etat de l’action culturelle cinématographique,
  • et dernièrement, toutes les actions qui se développent pour lutter contre l’asservissement de la création et de la diffusion artistique et culturelle cinématographique à la seule logique de la libre concurrence commerciale, comme l’a dénoncé Pascale Ferran et comme le montre l’attaque frontale d’UGC/MK2 contre les politiques culturelles publiques de municipalités.

Communiqué du 1er décembre 2008



Premiers états généraux de l’action culturelle
cinématographique et audiovisuelle


les jeudi 8 et vendredi 9 janvier 2009
au « Centquatre à Paris



***



Paris, le 1er décembre 2008


Le collectif national de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle s’est constitué en janvier dernier autour d’un manifeste : Cinéma et audiovisuel, vers le démantèlement de la diversité culturelle. Ce manifeste réunissant 372 structures sur tout le territoire français se faisait l’écho des inquiétudes de très nombreux professionnels du secteur quant à l’existence et au développement de l’action culturelle en 2008 au regard des décisions politiques et budgétaires actuelles.


Le collectif national a poursuivi ses actions, notamment au moment de la cérémonie des César et du Festival de Cannes, et a mis en place des actions communes avec les autres champs artistiques.


La baisse sans précédent des crédits alloués par l’Etat à la diffusion culturelle cinématographique en 2008, de l’ordre de 15%, a contraint nombre de structures à licencier du personnel et à réduire de façon drastique leurs activités à destination des publics. Nous sommes aujourd’hui à un tournant dans l’histoire de notre pays, où une décision prise sans concertation a altéré ce lien de travail et de partage de convictions qui unissait depuis 60 ans un secteur dans son ensemble avec les pouvoirs publics.


Aujourd’hui, pour le collectif, il est temps d’aller plus loin, de définir des objectifs communs, de renforcer notre organisation, d’interpeller politiques et medias sur l’importance fondamentale de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle, si indispensable à notre imaginaire, à notre culture et à la cohésion sociale de nos territoires.





Notre prochaine étape sera donc la tenue d’Etats Généraux de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle les jeudi 8 et vendredi 9 janvier 2009 au Centquatre (104 rue d’Aubervilliers – 75019 Paris – Métro Riquet).




La journée du vendredi 9 janvier sera ouverte à tous et organisée en deux parties : une matinée de témoignages et de cas concrets d’actions sur le terrain ; une après-midi d’interventions politiques et de tables rondes sur le sujet.




Elle sera précédée le jeudi 8 janvier d’un après-midi de réflexion réservée aux acteurs de terrain de l’action culturelle, invités à venir débattre et échanger à partir d’un état des lieux de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle, afin de définir ensemble une véritable « charte » de l’action culturelle.




Le collectif national souhaite par la tenue de ces Etats Généraux poser les bases d’une concertation avec les pouvoirs publics, les élus et les professionnels sur les perspectives et le devenir des politiques publiques en faveur du cinéma et de l’audiovisuel dans notre pays.



***


Le programme précis ainsi qu’un formulaire d’inscription seront disponibles prochainement sur sur ce site. Si vous souhaitez d’ores et déjà vous inscrire, nous vous invitons à envoyer un email à blac.collectif@gmail.com


***

COLLECTIF NATIONAL DE L’ACTION CULTURELLE CINÉMATOGRAPHIQUE ET AUDIOVISUELLE
ACID - Association du cinéma indépendant pour sa diffusion / ACRIF - Association des cinémas de recherche d’Ile de France / ACAP - Pôle Image Picardie / ACOR - Association des cinémas de l’ouest pour la recherche / AFCA - Association française du cinéma d’animation / Agence du court métrage / Alhambra Ciné Marseille/ Carrefour des festivals / Centre Images - région Centre / MJC du Pays de Montbéliard - Pôle d’Éducation artistique au cinéma de Franche Comté / Documentaire sur Grand Écran / Les enfants de cinéma / FFMJC - Fédération française des maisons des jeunes et de la culture / FPEA - Forum permanent pour l’Education Artistique / GNCR - Groupement national des cinémas de recherche / KYRNEA International - Passeurs d’images/ Ligue de l’enseignement / ROC - Regroupement des organisations du Court Métrage / SRF - Société des Réalisateurs de Films / UFFEJ - Union Française du Film pour l’Enfance et la Jeunesse / Chantal RICHARD - cinéaste / Licia EMINENTI - cinéaste / Nicolas PHILIBERT-cinéaste

Communiqué du 21 mai 2008 à Cannes

ACID - Association du cinéma indépendant pour sa diffusion / ACRIF - Association des cinémas de recherche d’Ile de France / ACAP - Pôle Image Picardie / ACOR - Association des cinémas de l’ouest pour la recherche / AFCA - Association française du cinéma d’animation - Agence du court métrage / Alhambra Ciné Marseille - Carrefour des festivals / Centre Images - région Centre / MJC du Pays de Montbéliard - Pôle d’Éducation artistique au cinéma de Franche Comté / Documentaire sur Grand Écran / Les enfants de cinéma / FFMJC - Fédération française des maisons des jeunes et de la culture / FPEA - Forum permanent pour l’Education Artistique / GNCR - Groupement national des cinémas de recherche / KYRNEA International / Passeurs d’images / Ligue de l’enseignement / ROC - Regroupement des organisations du Court Métrage / SRF - Société des réalisateurs de films / UFFEJ - Union Française du Film pour l’Enfance et la Jeunesse / Chantal RICHARD - cinéaste / Licia EMINENTI - cinéaste / Nicolas PHILIBERT - cinéaste.


RENCONTRE PUBLIQUE


« Cinéma et Audiovisuel

vers le démantèlement
de la diversité culturelle en France

Etat des lieux / Etat d’urgence »

Mercredi 21 mai 2008 à 17H30

« Espace Rencontres » de la Quinzaine des Réalisateurs
La Malmaison – 47, la Croisette, Cannes





Cannes, le 21 mai 2008


.1.


Historique de la mobilisation


Pour commencer, il nous a semblé nécessaire de rappeler les origines de ce qu’on appelle aujourd’hui le Collectif national de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle ou encore le Blac.




Comment et pourquoi le Collectif de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle s’est-il créé ?

La mobilisation des acteurs de la diffusion culturelle et de l’éducation artistique a été inaugurée le 7 décembre 2007 avec un appel intitulé Cinéma et audiovisuel, vers le démantèlement de la diversité culturelle en France ? Cet appel faisait état des très fortes inquiétudes des professionnels, suite aux signes donnés par l’État d’un désengagement financier - dont l’ampleur n’est pas précisée - du Ministère de la Culture et de la communication dans le secteur de la diffusion culturelle, de l’éducation artistique et de l’action culturelle. Face à ces menaces, le mouvement défend :

  • la circulation des œuvres et leur rencontre avec un public large et diversifié,
  • la diffusion du patrimoine cinématographique,
  • l’accès à la diversité de la production (court métrage, documentaire, animation, fiction, expérimental...),
  • la sensibilisation et la formation des publics, notamment le jeune public en temps scolaire et hors temps scolaire,
  • l’aménagement culturel du territoire notamment en zone rurale et péri-urbaine,
  • les programmes « cinéma en prison » et « cinéma à l’hôpital» qui touchent les personnes les plus en difficulté pour avoir une fenêtre ouverte sur le monde.

Sans aucune concertation, sont ainsi remises en cause les politiques de proximité qui forment le maillage exceptionnel de la diffusion, de l’éducation artistique et de l’action culturelle, alors que le chef de l’État ne cesse d’insister sur la priorité à accorder à la « démocratisation culturelle » et à « l’éducation artistique ».





Qui compose le Collectif ?


L’appel lancé le 7 décembre a rencontré parmi les professionnels du secteur un écho considérable. De manière inédite auteurs, réalisateurs, techniciens, producteurs, distributeurs, responsables de festivals, de salles de cinéma privées et publiques, de lieux et réseaux de diffusion et de création, de structures d’éducation artistique et d’action culturelle, enseignants, chercheurs, élus et spectateurs se sont rassemblés autour de l’appel, pour marquer la première grande étape de cette mobilisation.

On compte aujourd’hui 372 structures et 928 professionnels signataires de l’appel fondateur qui témoignent de la transversalité, de la solidarité du mouvement.




Quelles actions ?

De manière "visible", le Collectif, a mené depuis six mois deux actions symboliques fortes :

La mobilisation du Saint-André des Arts, vendredi 11 janvier 2008.
Lors d’une matinée de débats au Saint-André des Arts, à Paris, plus de 300 personnes, venues de tout le territoire, pour apporter leur soutien et témoigner leur solidarité face aux menaces qui pèsent sur le secteur de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle.


La Cérémonie des César, 22 février 2008.
Il s’agit plutôt d’une action « en creux », le Collectif n’a en effet pas obtenu du Bureau de l’Académie des César et de son président, Alain Terzian, l’autorisation de prendre la parole à un moment donné de la cérémonie - la parole appartenant, selon l’Académie, aux artistes récompensés, qui disposent à ce titre « d’une liberté de parole absolue ». Néanmoins, le mur de silence bâti par le Bureau de l’Académie des César, n’est pas parvenu à retenir toutes les expressions.

En partie grâce au Collectif, certaines brèches se sont ouvertes :
  • Jeanne Moreau, lorsqu’on lui remet un César d’honneur, prend librement la parole et évoque les menaces qui pèsent sur les festivals et les salles de cinéma ;
  • Mathieu Amalric, non présent à la Cérémonie car en tournage au Panama, dans les quelques notes qu’il a laissées à son agent au cas où il recevrait le prix – ce qui a été le cas –, évoquait, entre autres, l’importance du rôle tenu par les salles de proximité et la question épineuse des multiplexes. On apprend, le lundi qui suit la cérémonie, qu’à la lecture, ces notes ont été amputées justement de cette partie pour des raisons qui restent assez obscures. De toute évidence il s’agit d’une censure qui met à mal l’engagement du Bureau de l’Académie des César à laisser « une liberté de parole absolue » au primés.
  • Enfin, plus de 200 salles de cinéma indépendantes ont baissé le rideau pour protester contre la perspective d’une baisse de crédits alloués à l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle, ou bien ont organisé des débats, des interventions en première partie de séances, etc.


Parallèlement, le Collectif a mené nombre d’actions :

Courrier adressé aux directeurs des DRAC pour obtenir une évaluation précise des arbitrages budgétaires, région par région, resté sans réponse encore à ce jour.

Rencontre avec des représentants du cabinet du Ministère de la Culture et de la communication, de la DMDTS – Direction de la Musique, de la danse, du théâtre et du spectacle, et du CNC – Centre national de la cinématographie.

Enfin, car les inquiétudes sont grandes tous secteurs culturels confondus, le Collectif a participé avec l’ensemble des autres secteurs culturels, théâtre, arts plastiques, multimédia, musique, danse... à la rédaction d’un texte commun intitulé « Sauvons la culture ». Ce texte, en ligne sur le site Internet, www.sauvonslaculture.fr, rassemble d’ores et déjà 9.000 signatures (au 21 mai 2008) et nous invitons tout citoyen qui désire participer à cette action à se joindre à nous tous, en signant le texte.





.2.

Etat des lieux : une nouvelle orientation
de la politique culturelle de notre pays ?


Dans un courrier du 8 janvier 2007, Madame Albanel répondait aux inquiétudes formulées par des membres du Collectif national de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle en ces termes « Cet effort (supplémentaire) devrait permettre aux DRAC d’intervenir sur les actions pour lesquelles la participation financière de l’État sera sollicitée en 2008 dans des conditions comparables à celles de l’an passé ». Dans un second courrier du 10 janvier 2008, le Ministère de la Culture et de la communication précisait le point suivant « je suis particulièrement attentive à toutes les actions, qui en région, permettent de sensibiliser les différents publics, et notamment les publics scolaires, à la dimension artistique du cinéma ».

En contradiction avec ces propos rassurants, les premières réponses des DRAC (Directions régionales des affaires culturelles) aux porteurs de projets confirment pour l’année 2008 une baisse sans précédent du soutien de l’État à l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle ainsi qu’aux actions d’éducation à l’image.

Dans l’impossibilité d’obtenir de la part des représentants du Ministère de la Culture et de la communication des réponses claires sur ses choix budgétaires, un travail d’évaluation mené sur le terrain par le Collectif national laisse apparaître une réduction de 18% des crédits alloués à la diffusion culturelle cinématographique, l’amplitude de cette baisse étant corroborée par le Centre national de la cinématographie. À l’occasion de la mobilisation transdisciplinaire Sauvons la culture ! la comparaison avec les différents champs artistiques concernés à permis de constater un net écart du pourcentage des baisses imposées au cinéma.

Nous ignorons totalement les raisons objectives qui ont présidé à la mise en œuvre de ce cadre budgétaire national.

L’ensemble des chiffres recueillis laisse deviner cependant les lignes directrices des choix opérés par le Ministère de la culture et de la communication en matière de soutien à l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle. Il apparaît nettement que les baisses orchestrées remettent en question deux piliers de la politique cinématographique et audiovisuelle de notre pays :
  • la politique de diffusion culturelle des œuvres
  • la politique d’éducation à l’image



Le multimédia liquidé. La suppression quasi générale des aides accordées par l’État entraînera la disparition de lieux spécifiquement dédiés à la culture numérique. Ce label pourtant initié par le Ministère de la Culture et de la communication recouvre des missions de service public qui visent à réduire la fracture numérique, mais aussi à promouvoir une véritable culture multimédia, à favoriser l’accès à la technique et à la création par des actions d’éducation auprès des publics et par le soutien aux artistes. Cet abandon apparaît surprenant de la part de l’État alors que les nouvelles technologies sont au cœur des enjeux de notre société pour les années à venir.


Les festivals cinématographiques et les associations de programmation affaiblis. Se confirment également sur l’ensemble du territoire national des baisses très violentes pour de nombreuses manifestations. Parfois annoncées après le déroulement de l’événement, ces orientations laissent apparaître des disparités de traitement entre les porteurs de projets sans que soient explicités les critères d’évaluation mis en œuvre nationalement et régionalement par le Ministère de la Culture et de la communication et ses représentants en DRAC. Souvent implantés dans des zones rurales ou de moyenne importance, les opérateurs ont, dans la quasi-majorité des cas, subi une amputation de l’ordre de 15 % avec des décisions parfois «ubuesques» : moins 600 euros par exemple pour telle structure !

D’autres manifestations ont vu leurs crédits amputés de 50%, comme le Festival Jean Carmet de Moulins-sur-Allier, ou tout simplement supprimés, c’est le cas des Rencontres internationales de cinéma à Paris, ou de Caravane cinéma d’Afrique à Sainte-Foy-les-Lyon.

Le Centre national de la cinématographie, dans un mouvement inédit de « recentralisation » de la politique culturelle nationale, a dû en toute urgence « récupérer » le financement de presque trente manifestations dites « d’intérêt national et international ». Loin d’être une garantie de « sanctuarisation des crédits », ce transfert s’accompagne parfois d’une baisse de subvention, c’est le cas de Cinéma du réel, et laisse planer des incertitudes sur l’accompagnement de l’ensemble des opérations développées par ces festivals : éducation à l’image, tables rondes professionnelles, diffusion des œuvres sur le territoire régional etc.

Les associations de programmations, composées souvent de bénévoles passionnés du 7e art, ont à cœur de maintenir une offre diversifiée de qualité : films de court métrage, films documentaires, films de répertoire, films expérimentaux etc. dans le cadre d’opérations initiées en majorité avec des salles de cinéma. Souvent issus des mouvements populaires initiés après guerre (MJC), ces structures sont porteuses d’une ambition politique d’appropriation par les citoyens de l’action culturelle dans notre pays. Elles ont aussi vu leurs moyens d’actions largement remis en question par les arbitrages des différentes DRAC. Le patrimoine cinématographique n’est pas préservé. A titre d’exemple, l’Institut Jean Vigo à Perpignan perd 12.000 euros dont 6.000 sur des actions patrimoniales.

Parmi de nombreux autres exemples sur tout le territoire national :
  • l’association Sans canal fixe (Tours) développant une télévision associative ainsi que des actions de sensibilisation au cinéma documentaire passe d’une subvention de 15.000 à 5.000 euros,
  • Le Festival de Saint-Paul Les Trois Châteaux : baisse de 17,5 %,
  • Le Festival du Film court de Villeurbanne : baisse de 14 %,
  • etc...


Les associations régionales de salles pour la diffusion art et essai et recherche en sursis ?
Acteurs essentiels de la mise en réseau des salles, garants d’une mutualisation des moyens en faveur de cinématographies fragiles, œuvrant pour l’accès à la culture cinématographique de l’ensemble des publics, ces associations ont vu leurs moyens d’interventions gravement menacés par les baisses des aides de l’État. Pour la plupart «repêchées» in extremis suite à la mobilisation collective de ces derniers mois - et encore pas toutes : l’Association des cinémas de l’ouest pour la recherche (régions Haute-Normandie et Basse-Normandie, Bretagne , Pays-de-la-Loire, Centre, Poitou-Charentes) a subi une baisse de 20%, l’association Plein Champ (Région Auvergne) une baisse de 10%…

À l’heure ou l’on évoque la recherche de solutions pour améliorer le financement et la rencontre d’œuvres ne répondant pas aux simples lois du marché, la remise en question des missions poursuivies par les salles d’art et d’essai publiques et privées est en contradiction avec les récentes déclarations de la Ministre de la Culture et de la communication favorable à une meilleure qualification des dispositifs de soutien au cinéma d’auteur.



Les politiques d’éducation à l’image : une priorité nationale en trompe l’œil. Que ce soit dans le cadre des opérations en temps scolaires ou hors temps scolaire, nous constatons des réductions importantes des moyens dévolus aux différents acteurs investis dans ces opérations. Des festivals, des salles de cinémas, des coordinateurs de dispositifs nationaux vont devoir cesser la mise en œuvre d’ateliers de pratiques artistiques, de formations pour les enseignants et les élèves, de rencontres avec des professionnels, de programmation de films. À titre d’exemple, l’association Pécheurs d’images (Lunel) déjà touchée sur son volant festival (Semaines du cinéma méditerranéen) à hauteur de moins 42 % n’a plus les moyens de faire fonctionner un atelier de création pour les jeunes, la salle de cinéma le Café des images (Hérouville-Saint-Clair) voit sa subvention passer de 15.000 euros à 3.000 euros sur cet aspect de son travail. Il semble également que dès la prochaine rentrée scolaire la plupart des options facultatives dans les lycées pourrait être remise en cause.

Les dispositifs qui visent à réduire les inégalités d’accès à la culture en général et au cinéma en particulier sont également touchés par les choix opérés en 2008. Le réseau Passeurs d’images, qui œuvre dans des zones dites sensibles, a vu les subventions de fonctionnement et d’action largement amputées dans la quasi-totalité des régions. Les ateliers menés en milieu carcéral ainsi que les dispositifs en direction des hôpitaux sont également touchés par les baisses des crédits de l’État.

Or, dans une déclaration publiée par le journal Le Monde en date du 14 mai, Madame Albanel veut « doubler les effectifs des dispositifs Ecole, Collège et Lycées au cinéma ». D’une part cette déclaration est délivrée sans aucune concertation avec le Ministère de l’Education nationale. D’autre part, la dimension pédagogique est oubliée. En outre, ce volontarisme affiché se heurte à la réalité des baisses de crédits imposées aux dispositifs de transmission et de sensibilisation à la culture cinématographique et audiovisuelle.



Nous voici obligés de constater que la préférence affichée pour l’éducation à l’image et l’accès pour tous à la culture masque une volonté de démanteler 60 ans d’acquis d’une politique publique d’action culturelle et artistique.




Des conséquences immédiates sur les structures et la filière professionnelles qui remettent en cause la diversité artistique et culturelle dans notre pays

Ce démantèlement n’a été précédé d’aucune annonce ou concertation. Il s’est appliqué sans proposition d’évolution, indépendamment des bilans d’activités et sans considération pour leur dimension d’intérêt général.

Alors qu’il porte sur des montants relativement modestes pour l’État il met en péril, ramené à leur échelle, la pérennité des structures et emplois. D’ores et déjà des ECM ont procédé à des licenciements, réduit de façon drastique leurs activités à destination des publics.

Cette régression brutale des aides publiques va avoir pour conséquence de réduire considérablement le paysage culturel de notre pays. Elle remet en cause un maillage territorial qui garantissait une diffusion plurielle, la rencontre des œuvres avec un public large et diversifié, la pluralité de la production, la sensibilisation et la formation des publics. Dans sa lettre de mission à la Ministre de la Culture et de la communication du 1er juillet 2008, le Président de la république demande de « veiller à ce que les aides publiques favorisent une offre répondant aux attentes du public ». Or, qui peut répondre efficacement à cette demande sinon ces structures modestes, dont l’existence assure à la fois la diversité de l’offre et une proximité géographique ? Quels choix aura le public lorsqu’il n’existera plus que des grandes institutions publiques ou privées ?

Les collectivités territoriales, quoique souvent conscientes des enjeux de la diversité culturelle, ne pourront pallier la diminution voire l’arrêt de ces financements, car elles subissent déjà un processus de transfert de compétences lourd à assumer. Le risque de disparité et d’inégalité entre citoyens est proportionnel à la capacité de certaines régions à maintenir une politique culturelle qui, comme on sait, excède leurs compétences régaliennes.

Or, les réseaux d’action culturelle et artistique génèrent, en marge des modèles dominants, des activités économiques et des emplois qui bénéficient au cinéma de même qu’ils contribuent à en irriguer le renouvellement professionnel et artistique. Affaiblir les acteurs de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle, c’est immédiatement menacer les ressources, des distributeurs, des producteurs, des auteurs et des réalisateurs et par la même, menacer le champ de la création.




.3.

Vers des états généraux de l'action culturelle
cinématographique et audiovisuelle


En janvier dernier, nous nous étions promis de faire un point au moment du Festival de Cannes.

Face aux constats évoqués dans l’état des lieux et après huit mois de mobilisation constante, le Collectif a décidé de pérenniser sa structure et son action.


Il appelle aujourd’hui toutes les organisations et réseaux professionnels à le rejoindre pour la préparation des
Etats généraux de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle
prévus en décembre prochain.




Les Etats généraux de l'action culturelle cinématographique et audiovisuelle, pourquoi et comment ?

Il s’agira d’une rencontre nationale qui se déroulera sur deux jours à Paris, avec comme premiers objectifs :

  • de rendre public un état des lieux de la situation de l’ensemble des artisans de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle en matière de financements publics. Cela permettra de mesurer enfin concrètement l’ampleur du désengagement de l’Etat et la réalité des interventions des collectivités locales. Cela devrait également donner une idée des perspectives qui se dessinent pour les prochaines années,
  • de poser le cadre permanent du Collectif sur la base d’une définition partagée de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle et plus largement de l’action culturelle concernant tous les champs artistiques. Il s’agira de s’attacher à définir des priorités de réflexion en fonction des besoins exprimés par les participants. Nous nous appuierons également sur les différents travaux, rapports et manifestes, motions et propositions publiés ces derniers mois, qu’ils émanent des institutions ou d’initiatives variées. Par exemple, récemment :



Les modalités et le plan de travail de ces premières journées nationales seront établies d’ici septembre à l’initiative du Collectif. En particulier, il s’agira :

  • d’illustrer la réalité et la diversité de l’action culturelle, avec des conférences, ateliers, programmations, expositions, etc. assortis de témoignages et réflexions théoriques sur le sens et la finalité de ces actions, quelque soit le champ d’intervention : production et réalisation, distribution, exploitation, éducation artistique…
  • de réfléchir collectivement, et de mettre en œuvre pour les mois suivants la rédaction d’un manifeste d’intérêt général de l’action culturelle, en invitant d’autres acteurs des différentes disciplines artistiques, culturelles et éducatives à s’associer à cette réflexion.



Les actions à venir
L’année qui vient de se passer marque un tournant dans l’histoire des relations établies entre l’Etat et les professionnels depuis près de 60 années. Au-delà des effets catastrophiques sur le paysage culturel et cinématographique français, ces risques traduisent une rupture profonde, brutale et unilatérale dans ce qui fonde pourtant la richesse de la politique culturelle à la française.

Le Collectif réitère sa volonté d’une concertation permanente avec les pouvoirs publics. Par exemple, nous profitons de cette tribune pour demander officiellement que Monsieur Alain Auclaire auditionne notre Collectif en tant que tel, dans le cadre de la mission qui lui est confiée par l’État.


D’ici les États généraux les actions de mobilisation se poursuivront.

Nous vous invitons à consulter régulièrement le site du Collectif national de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle, et à venir nombreux vous associer à ce nouveau chapitre de notre mobilisation.



Contact : secrétariat provisoire du BLAC
(Collectif national de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle)
François Aymé, directeur du cinéma Jean Eustache à Pessac • 06 63 60 59 77
Eugène Andréansky, délégué général des Enfants de cinéma • 06 10 03 81 01
Catherine Bailhache, coordinatrice de l’ACOR • 06 11 92 56 40
Amélie Chatellier, déléguée adjointe de la SRF • 06 81 92 66 04
Mehdi Derfoufi, délégué général de l’UFFEJ • 06 65 07 77 26
Philippe Germain, délégué général de l’Agence du court métrage • 06 64 66 41 00
Antoine Leclerc, délégué général de Carrefour des festivals • 06 11 01 38 25
Olivier Meneux, directeur de L’ACAP • 06 11 81 57 79
Presse
Jean-Bernard Emery • jb.emery@cinepresscontact.com
01 55 79 03 43 • 06 03 45 41 84 • www.cinepresscontact.com



Communiqué du 21 avril 2008

Le Collectif national de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle a pris avec intérêt connaissance du rapport du Club des 13 Le milieu n’est plus un pont mais une faille. Cette démarche, centrée sur une analyse des conditions de productions et d’exposition des longs métrages en France, atteste qu’il est nécessaire d’ouvrir avec les pouvoirs publics le débat sur la place du cinéma dans le cadre des politiques publiques.


En ce sens, nous voyons dans la contribution du Club des 13 un engagement essentiel en faveur de l’action publique cinématographique.


Cette initiative rejoint ainsi le mouvement porté par l’ensemble des acteurs de l’action culturelle cinématographique depuis six mois contre la baisse des crédits déconcentrés pour le cinéma et l’audiovisuel dans les DRAC. Une baisse d’une violence inédite qui met d’ores et déjà à mal de nombreuses actions et structures sur le territoire, au détriment de l’ensemble de la filière. La richesse et la vitalité de ce secteur repose sur une diversité d’opérateurs (festivals, salles, associations de programmation et d’éducation à l’image, MJC, techniciens et réalisateurs) qui ont su créer au quotidien les moyens de faire vivre des œuvres dans leur diversité (court métrage, documentaires, films expérimentaux, vidéos art, etc.).


Il nous paraît important aujourd’hui de créer collectivement et de manière transversale une plateforme de propositions, à défendre solidairement auprès des instances publiques et professionnelles. C’est pourquoi, le Collectif de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle, qui regroupe plus de 300 structures, souhaite initier ce travail de concertation et d’élaboration avec le Club des 13.



Le Collectif national de l’action culturelle
cinématographique et audiovisuelle

donne rendez-vous
au Festival de Cannes
pour approfondir ces questions,
mercredi 21 mai à 17H00,
à l’Espace Rencontres
de la Quinzaine des Réalisateurs (La Malmaison)






Contacts
Eugène Andréanszky / Les enfants de cinéma / 01 40 29 09 99
Philippe Germain / l’Agence du court métrage / 01 44 69 26 60
Antoine Leclerc / Carrefour des festivals / 06 11 01 38 25



Télécharger le rapport Le milieu n'est
plus un pont mais une faille en pdf

26 février 2008, Lettre ouverte à Alain Terzian, Président de l'Académie des César

« Le spectacle doit continuer… »

lettre ouverte à Monsieur Alain Terzian,
Président de l’Académie des César




Monsieur le Président,

Par votre courrier à la SRF en date du 22 février dernier, vous avez répondu par la négative à la proposition de lecture par le cinéaste Eric Guirado d’un court texte écrit, à l’occasion de la cérémonie des César, par le Collectif national de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle*. Au-delà du fait que nous nous étonnons que vous n’ayez pas jugé utile de répondre directement au collectif qui vous sollicitait mais à un de ses membres, comme si le rassemblement inédit de plus de 300 structures dévouées à la diversité du cinéma sur tout le territoire national n’avait à vos yeux aucune importance ou légitimité, nous regrettons profondément cette fin de non-recevoir.

Après plusieurs mois d’une mobilisation inédite consécutive aux menaces de baisse de soutien de l’État aux différents acteurs de la diffusion culturelle du cinéma, et alors que se structure un mouvement sans précédent en faveur du maintien d’une politique favorisant la diversité et l’action culturelle cinématographique, dont la mobilisation dans plus de 200 salles vendredi dernier constituait le point d’orgue inédit dans les annales des César, comment interpréter le refus d’une simple parole sur des inquiétudes qui, malheureusement, sont aussi la réalité du cinéma français aujourd’hui ?

Dans votre réponse, vous expliquiez n’avoir pas souhaité « que l’académie ait à substituer quiconque aux artistes et aux techniciens qui monteront sur scène… ».

Ce « quiconque », dont on appréciera au passage la précision du terme, est le fait de plus de 300 structures ou associations locales, départementales, régionales ou nationales, signataires du manifeste contre le démantèlement de la diversité culturelle cinématographique et audiovisuelle ; à cela se rajoute près d’un millier d’individus, réalisateurs, artistes, intellectuels, enseignants investis dans d’éducation à l’image et la formation des publics, en particulier le « jeune public », mais aussi artistes, techniciens et producteurs, tous investis au quotidien dans la défense et la diffusion d’un cinéma inventif et singulier. Cinéma souvent distingué par les membres de l’académie au cours de ces dernières années.

Vous précisiez dans votre courrier que les récompensés «disposent d’une liberté de parole absolue, sur tous les sujets, en particulier ceux qui concernent leurs métiers. Nous en faisons un point d’honneur, en particulier vis-à-vis de Canal +, diffuseur de la cérémonie, qui a parfaitement compris notre exigence et nous en garantit le respect ». Vous conviendrez avec nous que cette affirmation est pour le moins fragilisée par l’amputation significative du texte de Mathieu Amalric. Comment justifier que les différentes motivations «techniques» invoquées depuis aient malencontreusement porté sur la partie la plus engagée de son texte qui rejoignait nos préoccupations ? Hasard ou coïncidence ?

Heureusement que dans le silence – et il est des silences assourdissants - bien orchestré de cette soirée, Mademoiselle Jeanne Moreau a su dans sa belle improvisation trouver les mots justes : « Je voudrais profiter de cet instant pour vous dire que ce qui m’inquiète beaucoup, c’est que certaines mesures gouvernementales risquent de nous affaiblir parce que les subventions diminuent de plus en plus pour des festivals, pour des cinémas indépendants, des cinémas de proximité dont certains sont attaqués par des groupes puissants comme provoquant une concurrence déloyale. Et je n’aimerais pas qu’on touche à l’exception culturelle française (…). »

Relayant avec conviction et ferveur nos inquiétudes, elle a au passage rendu service à l’Académie en évitant à la cérémonie de sombrer dans l’autisme absolu. Et nous ne pouvons que saluer son beau geste de transmission de son «super César d’honneur» aux membres de l’équipe du premier film la Naissance des pieuvres. Il y a quelques années c’est à Abdellatif Kechiche qu’elle aurait pu le remettre de la même manière, à un moment où il réalisait son premier film la Faute à Voltaire, avec des mesures d’accompagnement pour sa production et sa diffusion que nous défendons et qui lui ont permis une reconnaissance et la possibilité de réaliser ensuite l’Esquive puis la Graine et le mulet, aujourd’hui récompensé, à notre plus grande joie, par le César du meilleur film.

Soucieux de dépasser de manière constructive cette incompréhension que nous espérons momentanée, nous serions très heureux de pouvoir rencontrer prochainement les membres du bureau de l’Académie et revenir avec eux sur ce maillage patiemment construit que nous représentons et dont la pérennité est essentielle à la diversité comme au renouvellement du cinéma français, donc aux César.

Dans l’attente, nous vous prions de recevoir, Monsieur le Président, nos plus sincères salutations,

Paris, le 26 février 2008
Collectif national pour l'action culturelle
cinématographique et audiovisuelle



*texte co-signé avec l’AFCAE et le SCARE


Copie à Canal +


Pétition nationale et actualité du mouvement disponible sur :
www.cinema-diversite-culturelle.blogspot.com




Communiqué du 23 février 2008

Comment les cinémas et différentes structures liées à l'action
et la diffusion culturelle ont-ils participé à cette mobilisation ?

Consultez leurs courriels ici.

Quelles ont été les réactions de la presse
?

C'est là.



Jeanne Moreau, le 22 février 2008 lors de la cérémonie des César :

"Je voudrais profiter de cet instant pour vous dire que ce qui m’inquiète beaucoup, c’est que certaines mesures gouvernementales risquent de nous affaiblir parce que les subventions diminuent de plus en plus pour les festivals, pour des cinémas indépendants, des cinémas de proximité dont certains sont attaqués par des groupes puissants comme provoquant une concurrence déloyale. Et je n’aimerais pas qu’on touche à l’exception culturelle française (…)."





***



Cérémonie des César



Mobilisation sans précédent

des professionnels de la difusion culturelle
et de la diffusion culturelle cinématographique



Depuis novembre 2007, suite aux menaces de baisse de soutien de l’Etat aux différents acteurs de la diffusion culturelle du cinéma et de l’audiovisuel sur l’ensemble du territoire national, un collectif national regroupant de nombreux acteurs de l’action culturelle cinématographique, se réunit et structure un mouvement sans précédent en faveur du maintien d’une politique favorisant la diversité et l’action culturelle cinématographique.

Au moment où le cinéma fête traditionnellement sa vitalité, sa singularité et ses réussites, pour la première fois dans l’histoire des César, près de 200 salles de cinémas se sont jointes au Collectif national de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle. Des débats publics et des séances « écran noir », des fermetures de structures et d’organisation territoriales du cinéma ont une nouvelle fois réuni les professionnels et les acteurs pour alerter le public, les médias, les élus d’un démantèlement profond de la politique d’exception culturelle à la française.

Le Collectif annonce ce soir la poursuite de son mouvement de mobilisation, de nouvelles actions seront prochainement annoncées pour faire suite à l’élan créé par les regroupements du 11 janvier et du 22 février 2008.

Rappel : Le Collectif avait sollicité l’Académie des César pour que la cérémonie donne lieu à une prise de parole publique. Vous trouverez ici le texte du Collectif co-signé avec l’AFCAE et le SCARE, que l’Académie des César n’a pas souhaité voir lu de manière officielle.

Jeanne Moreau profitant de la tribune qui lui était offerte a repris le flambeau et a relayé avec conviction et ferveur notre parole, la parole du cinéma indépendant et de l’action culturelle.

Le collectif national pour l’action culturelle cinématographique salue cette prise de parole et remercie profondément l’actrice, la citoyenne, la figure du cinéma pour son engagement en faveur de la diversité et de l’exception culturelle.



***

Les professionnels de la diffusion et de l’action culturelle cinématographique réunis
Texte co-signé par le Collectif national pour l'action
culturelle cinématographique, l'AFCAE et le SCARE,
proposé à la lecture le soir de la cérémonie des César
que l’Académie des César n’a pas souhaité voir lu de manière officielle.


Bonsoir,


Depuis plus de cinquante ans, le cinéma français fait figure d’exception. Et, comme vous le savez, cette exception fait référence.

Au regard de ses succès et de l’extraordinaire diversité cinématographique que connaît notre pays ce système a fait la preuve qu’un modèle de régulation et d’accompagnement public est de nature à faciliter une véritable dynamique d’innovation et de pluralité des expressions.


Mesdames, Messieurs, aujourd'hui, il est bel et bien question à nouveau de politique culturelle. Oui, encore.

Mais est-ce que le mot culture a finalement toujours sa place aujourd’hui dans la grande famille cinéma ?
La question se pose de manière cruelle…


Depuis quelques mois, nombre d’entre nous subissons une remise en cause de ce qui fonde notre engagement collectif et public en faveur du cinéma, de sa création et de sa rencontre avec tous les publics.


Des dizaines de festivals, l’ensemble des réseaux de diffusion art et essai et de recherche, et de très nombreuses associations culturelle et d’éducation à l’image, plus de 1000 cinémas et villes concernés sont aujourd’hui fragilisés par des baisses de financements importantes.


Sans aucune concertation sont remises en cause les politiques de proximité qui forment le maillage exceptionnel de la diffusion, de l’éducation artistique et de l’action culturelle


Comment qualifier ces mesures lorsqu’on les confronte aux déclarations du chef de l’Etat sur la priorité à accorder à la « démocratisation culturelle » et à « l’éducation artistique » ?

Comment ne pas y voir un nouveau symptôme du décalage entre les effets d’annonce d’une part, les faits et les pratiques d’autre part ?


Qui diffusera bientôt sur tout le territoire Resnais, Kiarostami, Godard ou Ferran, ou, pour ne parler que de quelques unes des premières œuvres nominées cette année, qui s’attachera à accompagner Et toi t'es sur qui ?, Naissance des pieuvres ou encore Persépolis et Tout est pardonné ?

Qui s’intéressera encore au Fils de l’épicier ?

Qui défendra notre travail de création cinématographique si l’on détricote le travail de celles et ceux qui défendent le cinéma au plus près de nous tous ?



Dans le même mouvement – faut-il y voir une simple coïncidence ? - certains opérateurs multiplient les attaques juridiques et médiatiques ainsi que les pressions commerciales à l'encontre de cinémas indépendants, qu’ils soient publics ou privés.


Que ces attaques, qui, par delà les exemples du Méliès à Montreuil et du Cœmedia à Lyon visent à fragiliser toutes les aides publiques au cinéma, et surviennent à l’heure de la révolution numérique ne saurait être un hasard.

Le Médiateur du cinéma lui-même écrivait dans son dernier rapport :

« Le risque d'un cinéma à plusieurs vitesses est devenu une réalité, une réalité qui pourrait, si l'on y prenait garde, remettre en cause la tradition de diversité et le principe de solidarité qui fondent notre vie culturelle.


Ces menaces sont vécues comme autant de signes supplémentaires d’une volonté de démantèlement, de ce qui fonde l’exception culturelle et le modèle d’intervention publique français.


Ce soir, nous, réalisateurs, créateurs, producteurs, distributeurs, exploitants, passeurs et acteurs de l'action culturelle cinématographique… déclarons que :


Remplacer le principe de l'exception culturelle par celui de la sanctification de la libre concurrence revient de fait à légitimer la raison du plus fort. Ainsi, de la production à l’exploitation,en passant par les structures d’éducation à l’image ,on pourrait défaire en 60 jours, ce qui a été accompli patiemment en 60 ans.


Il faut au contraire poursuivre et rénover une politique d'ambition, qui défende l'intérêt général des œuvres, des territoires et des spectateurs.


C'est le sens de la mobilisation réalisée dans de très nombreuses salles de cinémas, à partir de ce soir durant cette cérémonie, pour alerter sur ces menaces à la fois les élus, les médias, l'ensemble de la profession ainsi que le public et pour demander des clarifications aux pouvoirs publics. Il n'en va pas seulement de l'avenir du cinéma, si indispensable à notre imaginaire,à notre Culture, et à la cohésion sociale de nos territoires. C'est aussi un enjeu de civilisation.



***



Pétition nationale et actualité du mouvement disponibles sur :
www.cinema-diversite-culturelle.blogspot.com


Communiqué du 18 février 2008

Comment les cinémas et différentes structures liées à l'action
et la diffusion culturelle ont-ils participé à cette mobilisation ?

Consultez leurs courriels ici.


Quelles ont été les réactions de la presse
?

C'est là.



Mobilisation nationale exceptionnelle
des cinémas indépendants


vendredi 22 février 2008 à 21H00
lors de la cérémonie des César du cinéma français




Vendredi 22 février, plus de 200 cinémas indépendants suspendront leur séance, organiseront des débats avec le public ou interviendront en première partie de séance. Par la mobilisation exprimée, aux côtés de nombreuses structures culturelles, ces cinémas souhaitent alerter les pouvoirs publics, les élus, les médias, l'ensemble de la profession cinématographique ainsi que le public sur la nécessité du maintien d'une politique publique de soutien à l'ensemble des cinémas et à l'ensemble de la filière qu'elle soit industrielle, artistique, associative ou artisanale.

En effet, les nombreuses baisses de crédits du Ministère de la Culture, déconcentrés en DRAC, et destinés à l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle, risquent de remettre en cause un indispensable travail de diffusion et d’éducation au cinéma portés par d’innombrables structures fragiles (associations de salles, festivals, relais d’éducation à l’image ....).

Dans le même temps, dans un contexte de mutation du secteur liée à l'arrivée de la diffusion numérique, quelques opérateurs multiplient les attaques juridiques, médiatiques ainsi que les pressions commerciales à l'encontre de cinémas indépendants Art et Essai. Le Médiateur du cinéma écrit dans son dernier rapport que “le risque d'un cinéma à plusieurs vitesses est devenu une réalité, une réalité qui pourrait si l'on y prenait garde, remettre en cause la tradition de diversité et le principe de solidarité qui fondent notre vie culturelle”.

Avec 2000 cinémas, plus de 200 films produits par an et plus de 170 millions d’entrées, le cinéma français est considéré comme un modèle par tous nos voisins européens. Ce modèle a été bâti sur l’intérêt général des œuvres et des publics, sur le principe de l’exception culturelle et de l’aménagement du territoire. Si on remplace cette politique volontariste par le seul principe de la libre concurrence, par la défense de l’intérêt particuliers des opérateurs les plus puissants et par la fragilisation de l’action culturelle de terrain, alors on remet en cause les fondations même de ce modèle.

Communiqué du 11 janvier 2008

Appel des professionnels
de l'action culturelle cinématographique

Paris, Saint-André des Arts, le 11 janvier 2008



Une très forte baisse du soutien de l’État menace aujourd’hui la diffusion et l’action culturelle cinématographique sur tout le territoire. C’est sur la base de ce constat alarmant que les signataires de l’appel à mobilisation "Cinéma et audiovisuel : vers le démantèlement de la diversité culturelle ?" ont organisé une rencontre de débats et de réflexion le 11 janvier au cinéma le Saint-André des Arts à Paris.


Plus de 300 personnes,
cinéastes, producteurs, réalisateurs, distributeurs, chercheurs, comédiens, techniciens, enseignants, responsables de festivals, de salles privées, de salles publiques, de ciné-clubs et d'associations d'éducation artistique, représentants de structures réparties sur tout le territoire, se sont réunies pour échanger sur la situation périlleuse connue par le secteur de l’action culturelle cinématographique suite aux annonces faites par le ministère de la Culture.


La démarche à l'origine de l’engagement de fond qui se structure depuis cet automne témoigne de l'extraordinaire richesse des réseaux de l’action culturelle cinématographique, de leurs engagements et de leurs attentes. Ces paroles publiques marquent aujourd’hui la détermination des acteurs à se réunir et à défendre les principes et les fondements qui ont permis de structurer et de qualifier depuis des années une politique fondamentale de création, de diffusion et de transmission.

Cette mobilisation et le mouvement qui émergent ici mobilisent transversalement, de manière convergente et solidaire. Elle concerne les terrains qui fondent le sens de nos engagements au quotidien. Ces engagements singuliers sur des terrains différents sont communs. Ils posent la nécessité de défendre le principe de la diversité, de la recherche et de l’exception culturelle en matière de cinéma et d’audiovisuel dans une logique de partenariat et de dialogue permanent avec l’Etat.



***



Au regard de l’esprit d’échange et d’ouverture, au cœur de toute démarche politique en matière artistique et culturelle, nous attendons aujourd’hui de l’Etat un véritable positionnement en faveur des réseaux de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle. Sur les territoires, partout en France, ces acteurs, ces projets, fondent le socle de l’intervention publique du cinéma.

Nous refusons le double langage, les multiples déclarations d’intention et la gestion de la communication publique qui prévalent aujourd’hui et ne pourrons considérer les évolutions à venir que sur la base d’une concertation réelle.

C’est pourquoi, dans la perspective d’un dialogue ouvert, il nous apparaît indispensable et plus que légitime que les professionnels des filières de l’action culturelle cinématographique dans sa diversité participent aux entretiens de la rue de Valois organisés par le ministère de la Culture et de la communication. Il en va de la crédibilité des orientations du ministère en matière d’action culturelle cinématographique et audiovisuelle, et au-delà, de l'ensemble des actions entreprises dans le cadre d'une politique ambitieuse en direction du cinéma.



****



Cette journée du 11 janvier ne clôt pas une mobilisation professionnelle de circonstance, elle ouvre la voie à un nouvel engagement solidaire et transversal de l’ensemble des acteurs de l’action culturelle cinématographique.

Des rendez-vous seront pris tout au long de l'année, le festival de Cannes sera l’objet d’une nouvelle mobilisation. D’ores et déjà, nous invitons tous les partenaires de l’action culturelle à réfléchir à une action de fermeture des salles ou à l’organisation de débats le soir de la cérémonie des Césars le 22 février prochain.




Dès ce vendredi 11 janvier sont actées :

  • la création d’un collectif national de l’action culturelle cinématographique qui appellera prochainement à l’organisation d’Etats Généraux de l’action culturelle cinématographique ;
  • la demande faite au ministère de la Culture et de la communication de voir les professionnels des filières de l’action culturelle cinématographique représentés dans leur diversité participer aux entretiens de la rue de Valois organisés par le ministère de la Culture et de la communication.



Nous appelons l’ensemble des partenaires à poursuivre la signature de l’appel et à rester en contact ou à apporter tout témoignage, toute contribution écrite à travers le site provisoire :



***

Communiqué du 07 décembre 2007

Télécharger le pdf de ce communiqué


Une très forte baisse du soutien de l’État menace aujourd’hui la diffusion culturelle du cinéma et de l’audiovisuel sur tout le territoire.


Sans en préciser l’ampleur, les services du ministère de la Culture et de la Communication et du Centre national de la cinématographie confirment, dès 2008, une forte baisse des crédits déconcentrés disponibles en DRAC (Directions régionales des affaires culturelles), pour les festivals, les associations régionales de salles, les circuits itinérants et, plus généralement, l’ensemble des acteurs de l’action culturelle cinématographique du territoire français.




Le désengagement de l’État dans ce domaine serait catastrophique pour l’ensemble de la filière.

En effet, ce soutien financier de l’État (déjà très modeste avec moins de 5 millions d’euros en 2007) est vital pour la survie d’un grand nombre d’actions jouant un rôle essentiel dans la « démocratisation culturelle » qu’appelait de ses vœux le Président de la République dans sa lettre de mission à Madame la Ministre de la Culture. Sont menacés :

  • la circulation des œuvres et leur rencontre avec un public large et diversifié,
  • la diffusion du patrimoine cinématographique,
  • l’accès à la diversité de la production (court métrage, documentaire, animation, fiction, expérimental…),
  • la sensibilisation et la formation des publics, notamment le jeune public en temps scolaire et hors temps scolaire,
  • l’aménagement culturel du territoire notamment en zone rurale et péri-urbaine.

En outre, cette action culturelle nullement symbolique ou à la marge, génère activités, résultats et emplois au bénéfice de l’ensemble du cinéma dont elle contribue depuis des années au renouvellement. Affaiblir les acteurs de la diffusion culturelle c’est immédiatement limiter les ressources des salles de cinéma, des distributeurs, des producteurs, des auteurs et des réalisateurs et, par là même, menacer le champ de la création.




Menace imminente de rupture d’une politique d’aménagement culturel établie jusqu’ici selon le principe fondamental de l’égalité entre les citoyens français

Le Chef de l’État et les Ministres de l’Éducation nationale et de la Culture ont légitimement désigné l’éducation artistique et culturelle comme une priorité. Or, l’éducation à l’image ne peut se développer si on affaiblit l’extraordinaire maillage des relais de cette action. S’agissant d’éducation artistique et culturelle autour du cinéma, les réseaux de salles de cinéma, festivals et autres associations partenaires des différents dispositifs jouent en effet un rôle déterminant. Ils ont permis aux projets École et cinéma, Collège au cinéma, Lycéens et Apprentis au cinéma, Passeurs d’Images, d’exister et de s’amplifier. Sans ce réseau, pas de dispositifs ambitieux de découverte du cinéma par les enfants, qu’ils soient encadrés par l’école ou par les animateurs socio-culturels.

Ces opérateurs, dans les domaines de la diffusion ou de la création, ont pu s’appuyer depuis de nombreuses années sur des cadres de coopération politique innovants et structurants voulus et soutenus par le Ministère de la Culture : le développement des conventions Etat-Régions, la nomination de nombreux conseillers cinémas dans les DRAC ont accompagné et consolidé l’ensemble de leurs actions en faveur de la diversité culturelle. Cette remise en question aurait pour conséquence à très court terme de rompre ce pacte de solidarité au détriment des territoires les plus fragiles.

Il y a aujourd’hui urgence à infléchir les arbitrages budgétaires en cours. Ils mettent en danger les acteurs de la diffusion culturelle du cinéma, et ce, d’autant plus, qu’ils sont menés sans aucune concertation.

Sans une préservation des moyens financiers, les conséquences sur l’emploi culturel local et sur l’économie des nombreux territoires concernés seront désastreux.






C’est au Ministère de la Culture, qu’il appartient de redonner un sens à la part « non rentable » de l’activité humaine, celle de l’art et de la culture

Parce que le cinéma est aussi un Art, le ministère de la Culture avait jusqu’à présent toujours contribué directement à poser et entretenir l’équilibre entre Art et industrie, soutenant financièrement en région des organismes dont l’objectif est de rendre accessible partout en France des œuvres cinématographiques nombreuses et variées à des publics eux-mêmes variés.
Si la politique n’est pas seulement une affaire de gestion et d’argent, il en est de même pour le cinéma, dont la diversité a besoin d’une politique culturelle d’Etat ambitieuse pour perdurer.

Après le soutien réaffirmé en mars 2007 à Montréal par 38 coalitions pour la diversité culturelle au sein de l'UNESCO, ce désengagement, s'il se confirmait, constituerait un très mauvais signal à l'attention de nos voisins et partenaires européens vis-à-vis desquels la France a toujours joué un rôle moteur dans la reconnaissance du cinéma comme un art à part entière.



Nous qui créons, fabriquons, produisons, diffusons, accompagnons des films partout en France, qui amenons le cinéma dans les villages, les quartiers, les écoles, dans des salles et aussi dans la rue, dans les hôpitaux ou dans les prisons, qui organisons des festivals, des ateliers, des rencontres entre les professionnels et le grand public,

nous qui soutenons un cinéma de qualité, d’indépendance et de création, dans le cadre d’une politique nationale concertée et durable fondée sur l’intérêt général,dans le cadre de la reconnaissance par l'OMC du principe de l'exception culturelle et pour la diversité culturelle soutenue par l'UNESCO,

appelons solennellement l’État à réaffirmer la place du cinéma et de l’audiovisuel dans le champ de l’art, de la culture,

invitons largement les personnes, les structures, organisations syndicales, professionnelles et associatives qui se sentent concernés ou solidaires à se mobiliser dans la vigilance à chaque échelon du territoire




et, pour combattre ensemble les effets négatifs des arbitrages budgétaires pour 2008,

nous leur donnons rendez-vous

le vendredi 11 janvier de 11H30 à 13H30
au Saint-André-des-Arts à Paris

pour un rassemblement national des acteurs de l'action culturelle et de l'éducation artistique

Cinéma Saint-André-des-Arts II, grande salle
12, rue Gît-le-Cœur -75006 PARIS
(Métro Saint-Michel, sortie Place Saint-André-des-Arts)

Visuel d'après Strand0112070010 de Birgit Speulman